Le granit offre de multiples aspects. On le choisit souvent brillant et chatoyant. On peut le préférer au contraire brut, doux et sensuel. On l’aime parfois très épais. Mais on l’apprécie aussi en lignes très fines. Il est également le seul produit naturel qui offre à la cuisine une solidité sans failles. Partons à sa découverte.

La géologie a fait du granite une roche exceptionnellement solide et aux riches qualités esthétiques. Elle est le symbole de la durée, ce qui explique son utilisation en architecture funéraire. Peu utilisée jusqu’aux années 80 dans la cuisine, elle en est depuis devenue une star pour la réalisation des plans de travail et des crédences.

500 granites différents

Granite (ou granit) est un mot qui nous vient d’Italie où l’adjectif granito désignait un objet granuleux. On l’emploie de nos jours pour désigner les roches d’aspect granuleux, formées par la solidification d’un magma issu de la croûte continentale (techniquement : des roches magmatiques plutoniques, c’est-à-dire formées à grande profondeur à l’inverse des roches volcaniques). Le granite comporte une majorité de quartz auquel s’ajoutent des micas et des feldspaths ainsi que d’autres minéraux comme le grenat, le zircon, la magnétite, etc… dont la présence est fonction de la zone géologique. La pression, la chaleur et la présence de minéraux étant chaque fois différentes, les couleurs varient, les cristaux du granit sont denses et réguliers ou bien gros et visibles et souvent des veinures bien marquées l’animent. Voilà pourquoi on rencontre au moins 500 granites différents répartis en de nombreux points du globe. Aujourd’hui, bien que l’on en trouve beaucoup en France, le granite est surtout importé depuis la Chine, l’Inde et le sud de l’Afrique. Le mot granit (sans e) est parfois encore employé pour caractériser toutes les pierres travaillées par les marbriers, notamment des calcaires ou des grès. Chacun trouve son bonheur dans la riche palette du granit : d’innombrables gammes de rouge, jaune, vert, bleu, gris ainsi que des aspects parfois étonnants avec des arabesques ou d’énormes morceaux de quartz et des transparences de cristaux. Pas étonnant dès lors que les goûts changent si vite à son propos. Depuis quelques années, les granits noirs (comme le noir du Zimbabwe) mènent la danse. Ils se marient en effet avec tous les styles de cuisines et en premier lieu avec les modèles contemporains. Les couleurs chaudes, ocres ou dorées, des Tropical Gold, Madura Gold, Fantasy Gold, Shiva occupent également une belle place.

La finition brillante plait toujours. Non seulement parce qu’elle flatte le regard, mais aussi parce qu’elle se révèle plus facile à entretenir. Les aspects flammées brossées sont aussi en vogue. Pour les obtenir, on chauffe la surface jusqu’à faire éclater la première couche de granite, puis on effectue un brossage pour l’adoucir. L’effet obtenu rappelle l’ardoise sur le granit noir et la pierre sur les granits ocre ou brun. L’épaisseur classique d’un plan de travail en granit est de 3 cm.
La mode est cependant à des épaisseurs accentuées ou, au contraire, affinées. Dans le premier cas, le marbrier ajoute une retombée sur la face avant qui fait paraître l’ensemble plus imposant. Dans le second cas, le granit est taillé pour ne laisser apparaître qu’un chant d’un centimètre. Cette technique n’est réalisable que sur des granits solides et demande l’usage de cornières en renfort. D’autres opérations sont également menées pour donner au plan une parfaite fonctionnalité : découpes pour l’encastrement et rainurages autour des cuves d’évier.

Ses caractéristiques

Le granite est insensible aux acides qui, en revanche, marquent le calcaire et résiste parfaitement aux chocs thermiques et aux instruments tranchants. De plus, il se nettoie facilement. Il faut toutefois lui donner un petit coup de pouce pour assumer parfaitement son rôle dans la cuisine. En effet, sa porosité, variable d’une roche à l’autre, rend obligatoire un traitement pour presque tous les granits. Pour que les huiles et les liquides tanniques ne soient pas absorbés et forment des taches, les plans sont saturés avec deux, trois ou quatre couches d’agents hydrofuges et lipofuges. L’huile de lin employée autrefois a été remplacée par des silicones à base aqueuse et des solvants synthétiques. Les marbriers ont également recours à l’injection de résine pour renforcer les granits les plus friables. De nombreux éléments expliquent les grands écarts de prix d’un plan de travail  à l’autre : provenance, rareté, mise en œuvre… Pour une grande majorité de granit, le mètre carré se situe entre 500 et 1000 euros. Mais les plus rares atteignent des sommets.

Légende de haut en bas

1) Un Bleu Macauba en finition satinée. Avec sa couleur froide, il rafraîchit une ambiance très chaude. Dans une cuisine « Beaux Arts », Siematic.
2) Un grand classique de la cuisine d’aujourd’hui : un Zimbabwe noir avec traitement flammé et polissage. Il est associé à des portes laquées. Dans une cuisine Allmilmö.
3) De gauche à droite et de haut en bas : granits Kashmir Gold, Noir Abolu, Yosémite et Rouge breton.
4) Ce Kashmir White a bénéficié d’un traitement flammé brut qui lui confère un aspect très naturel. Dans une cuisine Eggersmann.
5) Le granit Marinage se présente en différentes couleurs (rouge et vert sont les plus fréquentes). Sa structure incorpore des cristallisations imposantes qui en font un tableau abstrait. Dans une cuisine « Alicante », Jean-Louis Morel.
6) Un Noir Marlin en finition brillante présentant un chant fin de 1 cm. Dans une cuisine « SC 61 », Siematic.