Le célèbre designer italien Pietro Arosio a dessiné pour Snaidero les modèles Board et Lux, présentés lors du salon Eurocucina 2012. Inspiration cuisine l’a rencontré.
Qu’est-ce que le design pour vous ?
Le design est lié à la fabrication industrielle. Tout part de là. Quand j’essaie de concevoir un produit, celui-ci doit s’adapter à la fois aux souhaits de l’entreprise mais aussi au marché, et ceci de manière plus sophistiquée, plus en avant que ce qui a déjà été fait. Je m’efforce de concevoir un produit qui réponde aux exigences et aux besoins actuels (habitat plus petit, budget moins important en période de crise), mais toujours dans le qualitatif. J’accorde beaucoup d’importante aux matériaux.
Comment définiriez-vous le design italien ?
Le grand mérite revient aux industriels italiens qui donnent depuis toujours la possibilité aux jeunes créateurs d’expérimenter leur savoir-faire. Sinon, il n’y a plus trop de différences, par exemple, entre le design allemand et italien. Les Italiens ont pris la technologie allemande quand ils n’avaient que le design et les Allemands, le design italien quand ils n’avaient que la technologie. Au final, aujourd’hui, allemand comme italien, le design se ressemble.
Quels sont les aspects importants dans la cuisine ?
La cuisine doit répondre à des règles strictes de fonctionnalité et à des exigences techniques. Les matériaux qu’on utilise doivent durer dans le temps, être solides pour faire face à une utilisation quotidienne. On ne peut pas révolutionner la cuisine autant qu’on le voudrait.
Comment est née Board ?
Pour répondre à la demande face aux habitations actuelles de plus en plus petites. Il fallait offrir dans cet espace restreint, une grande capacité de rangement sans sacrifier la zone de préparation. Traditionnellement, la cuisine est conçue comme un système de module dans lequel on place chaque poste. Je voulais faire sortir les fonctions du mur pour ne pas sacrifier le périmètre du meuble bas. Le point de départ de la cuisine Board était de proposer un concept pour les petites cuisines qui soit, dans un second temps, convivial. Au lieu de préparer face à un mur, cette cuisine ouverte place l’utilisateur en face de sa famille et permet l’échange et le partage. Très important.
Et Lux ?
C’est une cuisine plus traditionnelle dans laquelle j’ai privilégié le concept d’éclairage et de rangement. J’ai préféré concentrer et améliorer les rangements dans les armoires pour laisser un plan de travail libre. Le meuble d’angle disponible avec deux portes indépendantes est une solution qui permet d’accéder complètement à cet espace souvent perdu. En ce qui concerne l’éclairage, très important dans une cuisine, la tablette lumineuse permet d’éclairer tout le plan de travail ou se transformer en lumière d’appoint selon le moment de la journée. Le groupe filtrant est classiquement mural soit, plus innovant, collé à l’îlot. Une innovation pratique et esthétique lorsqu’on n’a pas la possibilité d’installer une hotte au plafond avec l’évacuation.
À quoi ressemble la cuisine idéale ?
Elle n’existe pas. Il faut toujours expérimenter, avancer, progresser. Peut-être qu’un jour, avec des lunettes en 3D, on verra la flamme autour de la casserole même si elle n’existe pas. Sinon, l’arrivée de certains matériaux peuvent modifier les formes mêmes de la cuisine. Les matériaux et la technologie sont des facteurs importants. Il faut cependant éviter la contamination de la technologie développée pour des objets et qui n’ont rien à faire dans la cuisine. L’idéal serait une cuisine à réalité augmentée dont la technologie serait invisible pour l’utilisateur.
Quelle serait pour vous la cuisine du futur ?
Je souhaiterai pouvoir réaliser la cuisine que je n’ai pas encore réalisé (rires). Une cuisine liée à la mémoire, évolutive avec la famille. Partir d’un cœur et la faire évoluer dans le temps. Une cuisine qui suivrait les déménagements, modulaire et transportable, flexible, libre. Une cuisine que l’on pourrait compléter morceaux par morceaux. Un concept de pure improvisation.